La schizophrénie est un trouble psychiatrique qui concerne plus de 600 000 personnes en France. [1] Bien que la prise de médicaments antipsychotiques permet à la plupart des patients de vivre une vie pratiquement normale, ils s’avèrent inefficaces dans près d’un quart des cas. Par ailleurs, ces traitements s’accompagnent d’effets secondaires parfois invalidants, poussant de plus en plus de patients à chercher une alternative naturelle.

En ce sens, le cannabidiol (CBD), molécule légale et sans effets enivrants issue du cannabis, apparaît comme un candidat idéal. Voici pourquoi.

Table des matières

Schizophrénie : origines, symptômes et traitements

La schizophrénie est une maladie psychiatrique grave classée dans le groupe des troubles psychotiques. En d’autres termes, elle se traduit par une perte de contact avec la réalité.

Les facteurs déclenchants de la maladie

L’origine de la schizophrénie est mal connue et semble plurifactorielle. Selon les experts, elle pourrait résulter d’une prédisposition génétique combinée à un environnement externe propice au développement de la maladie.

Une cause génétique possible est la mutation d’un gène lié à la plasticité neuronale. Cependant, le rôle de la génétique aurait un impact limité par rapport à celui de certains facteurs environnementaux tels que : le stress et la consommation de substances psychotropes comme le cannabis, surtout pendant la période de l’adolescence.

En effet, le stress chronique peut conduire à une altération de certains mécanismes biologiques clés (notamment la neurogenèse) de la santé mentale. De son côté, le cannabis, et notamment le THC, active les régions du cerveau impliquées dans les pathologies psychiatriques. Nous revenons sur ce point-là un peu plus loin dans notre article.

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Les symptômes et leur impact sur la qualité de vie

Le diagnostic de la schizophrénie est complexe, d’une part parce que la maladie se développe progressivement, avec l’apparition de symptômes légers, parfois attribués aux bouleversements de l’adolescence, et d’autre part parce que les symptômes varient énormément d’un patient à l’autre.

On distingue trois types de symptômes :

  1. Les symptômes positifs (parfois appelés “productifs”) : hallucinations sensorielles et les délires. La personne voit et entend des choses qui n’existent que pour elle, ses raisonnements sont illogiques et paranoïaques ;
  2. Les symptômes négatifs : état dépressif, apathie, isolement social, absence d’émotions, etc. ;
  3. Et enfin, les symptômes dissociatifs : désorganisation de la pensée, incohérence des propos, difficultés de concentration, difficultés à planifier des tâches simples, etc.

L’ensemble de ces symptômes impactent bien évidemment la qualité de vie des patients de manière très négative. D’ailleurs, environ la moitié d’entre eux font une tentative de suicide et entre 10 et 20% en meurent.

Quid des traitements ?

Le traitement de la schizophrénie varie selon les individus (intensité des symptômes, âge, appartenance sociale, utilisation de substances addictives ou non, etc.).

Cependant, dans la plupart des cas, les patients se voient prescrire des antipsychotiques de seconde génération (ou “atypiques”). Ces médicaments bloquent les récepteurs de la dopamine et de la sérotonine qui sont surexcités chez les personnes atteintes de schizophrénie. [2]

Malgré leur efficacité, ces traitements sont parfois lourds à suivre, car ils entraînent des effets secondaires désagréables (prise de poids, tremblements, mouvements involontaires, somnolence, courbatures, etc.).

Dans tous les cas, la schizophrénie requiert la prise en charge par un psychiatre et un psychologue. Avant de prendre du CBD, il est impératif de les consulter !

Le lien étroit entre cannabis, cannabidiol et schizophrénie

Avant toute chose, rappelons que le cannabis abrite deux principales molécules actives : le THC et le CBD. Il est important de savoir que leurs effets sur notre organisme sont drastiquement opposés, surtout dans le cas de schizophrénie.

En effet, comme nous allons le voir, le premier est préjudiciable, tandis que le second pourrait être bénéfique.

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Le THC et ses effets sur la chimie du cerveau

Comme nous l’avons mentionné un peu plus tôt, la prise de cannabis est un facteur de risque de développement de la maladie. En effet, l’examen de 10 études réunissant des analyses effectuées sur un total de 67 000 personnes montre que la consommation de cannabis multiplie par 4 le risque de schizophrénie. [3]

Toutefois, en réalité, il n’est pas tout à fait exact d’attribuer ces résultats au cannabis, car les variétés pauvres en THC n’auraient pas d’incidence sur le développement de la maladie. En effet, c’est le THC qui peut potentiellement nuire à la santé mentale. Et ce, à plusieurs niveaux :

  • Sa consommation peut potentiellement provoquer des effets proches de ceux de la psychose chez des sujets sains. Appelées “bad trip” ses expériences désagréables pendant lesquelles il est possible d’expérimenter une intense paranoïa, des crises de panique ou encore des hallucinations visuelles et auditives peuvent toucher n’importe qui, indépendamment de sa santé mentale ;
  • Bien que la prise de THC pourrait atténuer les symptômes négatifs (stress et anxiété notamment), des études ont également mis en évidence que la prise de THC aggrave les symptômes positifs tels que les hallucinations et les délires. [4] ;
  • Enfin, il a également été montré que les schizophrènes qui consomment du cannabis riche en THC sont plus enclins à rechuter. [5].

L’action antipsychotique du CBD

De son côté, le CBD ne provoque pas d’effets enivrants. Et ne semble pas être nocif, ni pour les schizophrènes, ni pour les personnes saines. D’ailleurs, bien qu’il agisse lui aussi sur la chimie du cerveau (de manière indirecte), il a été montré qu’il ne stimule pas les mêmes zones que le THC. Il serait même capable de contrecarrer ses effets psychotropes.

En effet, selon une expérience [6] au cours de laquelle des volontaires ont reçu 600 mg de CBD ou un placebo après une injection intraveineuse de THC a montré que les symptômes psychotiques de paranoïa se sont manifestés de manière plus légère chez les personnes ayant reçu le cannabidiol (CBD).

La propriété antipsychotique du CBD est d’ailleurs exploitée dans la formulation de certains médicaments. Par exemple, le Sativex, prescrit aux personnes atteintes de sclérose en plaques, contient et du THC et du CBD, à la fois pour profiter des propriétés antidouleurs du CBD, mais aussi pour contrecarrer les effets enivrants du THC.

Le CBD contre les symptômes positifs de la schizophrénie

Si le CBD est capable de contrecarrer les effets psychotropes du THC, ne pourrait-il pas également lutter contre les hallucinations et les délires provoqués par la schizophrénie ?

Effectivement, certaines études indiquent que l’action anti-psychotrope du CBD est potentiellement bénéfique chez les schizophrènes.

Bien que le mécanisme d’action du CBD soit encore mal compris, on sait toutefois qu’il s’oppose à l’action de l’enzyme FAAH, laquelle dégrade un neurotransmetteur clé dans la santé mentale, et notamment chez les schizophrènes : l’anandamide.

En effet, des études [7] ont montré que les personnes atteintes de schizophrénie ont des niveaux d’anandamide 8 à 10 fois plus élevés que les personnes saines. La sécrétion en excès de ce neurotransmetteur serait due à un mécanisme de compensation. Cela signifie que les niveaux d’anandamide s’élèvent pour atténuer les symptômes psychotiques.

Le CBD, de par son action sur l’enzyme FAAH, contribue à augmenter les niveaux d’anandamide, ce qui, dans le cadre d’un traitement, constitue une alternative sérieuse aux antipsychotiques traditionnels. D’autant que, rappelons-le, la prise de CBD ne provoque pas d’effets indésirables gênants.

Le CBD contre les symptômes négatifs de la schizophrénie

Les molécules synthétisées dans le cannabis comme le CBD bénéficient d’une affinité particulière avec notre organisme. En effet, elles ont la capacité d’activer et/ou d’inhiber tout un ensemble de récepteurs localisés un peu partout dans le corps. Cet ensemble de récepteurs est appelé “système endocannabinoïde” (SEC), son rôle principal est de maintenir notre organisme en état d’homéostasie, c’est-à-dire en état d’équilibre.

Les récepteurs du SEC contrôlent tout un tas de processus biologiques clés dont la température interne, les niveaux de sucre dans le sang, la réponse immunitaire, ou encore, et c’est ce qui nous intéresse dans le cas de la schizophrénie, la synthèse de certaines hormones.

En effet, selon plusieurs études, le CBD serait capable de réguler la production de sérotonine, qui n’est autre que l’hormone du bonheur, celle qui induit un état de sérénité lorsqu’elle est libérée. Et par effet domino, elle permet ainsi de diminuer le stress, l’anxiété, la dépression et même améliorer la qualité du sommeil.

Comme nous l’avons vu un peu plus tôt, stress, anxiété, dépression font partie des symptômes de la schizophrénie. En cela la prise de CBD pourrait aider à les atténuer et, par conséquent, améliorer la qualité de vie des patients.

Le CBD, potentiel traitement naturel contre la schizophrénie ?

Comme nous l’avons vu, les propriétés antipsychotiques et régulatrices du CBD sont potentiellement capables d’endiguer la plupart des symptômes provoqués par la schizophrénie. Des études supplémentaires sont nécessaires, cependant, les premiers résultats sont très encourageants et vont dans le sens d’un possible traitement à base de cannabidiol :

  • Au Royaume-Uni, des patients ont reçu 1000 mg de CBD/jour en plus de leur traitement tandis que d’autres ont reçu un placebo en lieu et place du cannabidiol. Ceux qui ont été traités avec du CBD ont rapporté moins de symptômes psychotiques. [8] Il semblerait ainsi que le CBD puisse apporter un bénéfice aux traitements actuels, ou, tout du moins, ne pas entraver leurs effets ;
  • Au cours d’une autre étude, les scientifiques ont souhaité comparer l’efficacité du CBD avec celle des traitements traditionnels. Ils ont conclu que CBD et antipsychotiques ont une efficacité comparable, au détail près que le CBD ne provoque pas d’effets secondaires. [9]

Peut-on prendre du CBD si on souffre de schizophrénie ?

Comme nous l’avons vu tout au long de cet article, la prise de CBD semble pouvoir aider à diminuer l’intensité des symptômes liés à la schizophrénie. Malgré tout, plusieurs considérations sont à garder à l’esprit :

  • Tout d’abord, il est impératif de demander l’avis du médecin psychiatre afin que celui-ci puisse réaliser un suivi ;
  • Ensuite, il faut savoir qu’il n’y a rien d’écrit en matière de dosage, et que cela peut affecter l’action du CBD. En effet, chaque personne est plus ou moins sensible aux cannabinoïdes, ce qui signifie qu’il n’y a pas de dosage universel et qu’il s’agit de déterminer, au cas par cas, la dose de CBD idéale. Pour cela, on privilégiera une approche graduelle ;
  • Enfin, notez que certains produits CBD contiennent du THC. Certes, ce dernier est présent à moins de 0,3%, ce qui est théoriquement insuffisant pour provoquer quelconque effet. Cependant, dans le doute, évitez les produits dits “full spectrum” et vérifiez toujours la composition en demandant le résultat des analyses de laboratoire.

Si vous avez la moindre question, n’hésitez pas à contacter notre équipe.